Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Moments précieux
27 avril 2014

Lettre à Marissa

Chère Marissa,

Ta lettre est arrivée ici hier. Célia l’a récupérée au café du village et je l’ai trouvée en rentrant de la rizière. Nous récoltons le riz et malgré la fatigue, je l’ai lue tout de suite.

Il est tard mais il faut absolument que je te réponde aujourd’hui pour que tu saches au plus vite.

Ne t’inquiètes pas, la famille va bien. Les frères et sœurs se chamaillent souvent mais l’institutrice est satisfaite de leur travail. Célia commence à savoir lire et elle a pu déchiffrer quelques mots de ta lettre : village, soupe et nues… J’ai été bien embêtée pour lui expliquer ce dernier mot.

Maintenant il faut que je te dise. Une autre lettre que la tienne est arrivée hier. Une enveloppe beige avec des timbres rouges et blancs. Elle t’était adressée. Tu vas sans doute m’en vouloir d’avoir appris la nouvelle avant toi mais je l’ai ouverte. Je voulais glisser la feuille blanche, lisse et brillante avec ma feuille quadrillée et un peu jaunie pour te l’envoyer… mais je n’ai pas pu résister. J’ai lu, relu et relu tant j’avais peine à y croire. J’espère que tu vas d’abord prendre connaissance de ma lettre pour te préparer à la nouvelle.

Tu te souviens de ce courrier que nous avions confié à ce touriste européen qui nous avait promis de l’affranchir et de le poster dès que possible ? Oui tu t’en souviens forcément. Nous n’avions pas l’argent pour l’envoyer en France.

Je sais aujourd’hui qu’il a tenu sa promesse.

La lettre d’hier venait de Paris. Madame Louise DUHAMEL t’écrit. Elle te dit que les éditions DU MANOIR ont décidé de publier ton recueil de poèmes. Oui, oui je t’assure. La lettre était traduite et j’ai bien compris. Elle te dit qu’ils vont bientôt te recontacter pour que tu viennes à Paris présenter ton recueil. Elle parle du Salon du Livre, porte de Versailles, au mois de mars. Ca je n’ai pas bien compris, je te l’avoue.

Tes poèmes… je les connais par cœur tant tu me les as lus quand tu les écrivais dans notre petite chambre le soir à la lueur d’une bougie et parfois de la lune quand la bougie manquait. Un recueil de tes poèmes, Paris, des éditions ?

Je n’ose aller en parler à Sœur Marie-Laurence avant que tu n’aies appris la nouvelle. Il faut que ce soit toi qui lui annonces. Sœur Marie-Laurence qui a tant insisté pour que tu envoies tes poèmes, qui t’a donné l’adresse. Si tu tardes trop à revenir, j’irai au cimetière sur sa tombe lui raconter. De là où elle est, elle sera tellement heureuse.

Il faut que tu reviennes au village, Marissa. Quittes Hong Kong dès que tu recevras ces lettres. Il faut que tu sois là quand Madame Louise DUHAMEL va te recontacter. Va-t-elle venir te chercher ici ? Va-t-elle t’envoyer un autre courrier avec le billet d’avion pour Paris ? Il faut que tu sois là car je ne saurais pas quoi faire quand ça arrivera.

Reviens vite, s’il te plait. J’ai tellement hâte de te serrer dans mes bras, de me réjouir avec toi, d’annoncer la nouvelle. Peut-être que nous te verrons sur le vieux téléviseur du café du village quand tu seras à Paris ?

En attendant ton retour, prends-bien soin de toi. Moi qui ai lu la lettre avant toi, je commence déjà à rêver à ta nouvelle vie.

Ta chère Alicia.

 

En réponse à la lettre de Marissa, écrite par Mélissa en mars 2014.

Cabotine, avril 2014.

Publicité
Publicité
Commentaires
Moments précieux
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 2 303
Publicité