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Moments précieux
10 mars 2014

Cette femme sur la photo...

Cette femme sur la photo… pas celle qui s’abrite sous un parasol bleu… l’autre, devant, qui se tient debout avec une gravure à la main, qui est-elle ?

Elle a hanté mes rêves pendant des années… je la retrouvais à chaque fois à cet endroit… souvent assise sur la chaise fragile derrière elle, parfois debout un peu chancelante, quelquefois entre la femme au parasol et le garçon à la casquette. Toujours vêtue de la même robe noire. Je ne suis jamais parvenue à lui donner d’âge. Pourrait-elle être ma mère, ma sœur ?

Elle était toujours là, sous ces immenses fenêtres à barreaux, comme autorisée à sortir de prison la journée avant d’y retourner le soir.

J’ai toujours voulu croire que c’était à Berlin, ma ville natale.

A chaque visite qu’elle me rendait, les gravures étaient étalées devant elle, en un tas chaotique. Des gravures de chevaux, de cavaliers, de cavalières… celle qu’elle tient d’une main tremblante représente l’impératrice Elisabeth d’Autriche en promenade à cheval dans la forêt viennoise.

Parfois elle me rendait fou avec ses gravures, sa robe noire, son visage sans âge, ses visites nocturnes.

Mardi, au fond du tiroir d’une commode, j’ai trouvé cette photo et une clé… dans cette maison que je loue à Budapest pendant le tournage du film…

Autour de la clé, un papier avec le nom de la banque…

Une banque de Genève dont j’ai franchis la porte aujourd’hui. La jeune femme me précède dans le long couloir aux murs gris, ses talons claquent sur le sol.

Depuis quelques minutes, je sais qu’il s’agit de la clé du
coffre-fort n° B 482 Z 4200, coffre-fort ouvert le
4 septembre 1842 par Henriette SAVON.

Nous voilà dans la salle des coffres… la jeune femme aux talons bruyants me désigne le n° B 482 Z 4200, tout en haut la quatrième rangée. Elle me tend la clé et sort de la pièce.

Les premières fois sont des moments uniques, toujours émouvants, parfois inoubliables… 

Me voilà, vêtu de mon costume noir, emprisonné dans cette salle… ma main tremble légèrement… je vais ouvrir cette boîte grise, froide, silencieuse.

Je me mets sur la pointe des pieds, je chancelle un peu…

J’entrouvre la porte du coffre, je n’ose pas regarder…

Puis le visage de cette femme, Henriette, se reflète soudain sur la face lisse et sans âme de la porte du coffre…   

A l’intérieur, les gravures jetées là dans le même chaos que sur la photo…

 

Cabotine, mars 2014

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